Les participants étaient un peu plus de la moitié à avoir entre 60 et 69 ans et un tiers à afficher entre 70 et 79 ans. Un premier enseignement illustre bien la difficulté à caractériser cette part de la population : près de 78% des personnes interrogées ne se considèrent pas comme âgées. Cela dit, près de 56 % pensent que les personnes âgées ne sont pas suffisamment considérées et prise en charge en ville. Parmi celles-ci, près de 70% estiment que la principale raison est le manque de lien social et intergénérationnel entre les individus; sentiment renforcé pour la moitié d’entre eux par le décalage existant entre la situation d’actif professionnel et celle de retraité. Enfin, un tiers met en évidence le manque d’une offre de logements adaptés aux seniors.
Songez-vous à changer de logement ?
© Alphaville, Ecologik
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Vous considérez-vous comme une personne âgée?
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Des services en ville adaptés mais peu spécifiques
Pour la plupart des personnes interrogées, la ville est adaptée aux services demandés. Le service considéré comme une priorité pour 89 % d’entre eux est celui des soins et de la santé, témoignant des préoccupations liées au vieillissement et à la perte d’autonomie. Viennent ensuite, les commerces, les services de proximité et les équipements culturels. L’importance des espaces publics de rencontre et des équipements sportifs est également soulignée mais de façon moins significative. Au-delà des services classiques nécessaires à l’ensemble de la population, c’est bien une offre adaptée à certaines spécificités qui est attendue. Cela commence par une information et une communication adaptées, avec le besoin de bénéficier «d’une page spéciale dans les journaux municipaux qui traite de leur situation » et « de facilités de contact avec des réseaux d'aidants de façon à savoir à qui s'adresser sur le plan médical, d’un service d'écoute ». Pour réduire une forme de fossé générationnel, les enjeux de la « formation informatique » et des mises en « relation inter-âges » sont mentionnés. Le besoin en « services de proximité pour des petits travaux qui ne nécessitent pas un artisan, pour des aides très ponctuelles» est aussi exprimé. Si les Maisons des jeunes et de la culture se sont développées à l’aprèsguerre, à l’heure du papy-boom, il serait intéressant de créer des «lieux où les seniors pourraient se raconter, se mettre au service de la cité d’une manière libre et dans un cadre non conventionnel, ouvert à tous afin de faire changer le regard sur eux, comme une sorte
d’agora ».
Pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible
Plus de 83% des personnes interrogées souhaitent rester vivre dans leur logement, confirmant la nécessité des programmes d’aide au maintien à domicile. « Garder son indépendance est mon objectif principal», souligne l’une d’entre elles. Une autre remarque rappelle « [qu’] il existe de plus en plus de services d'aide à domicile pour les personnes âgées devenues dépendantes (repas, ménage, toilette) ; ces services permettent aux personnes de rester au moins un certain temps dans leur cadre de vie. Cela me semble mieux que les structures d'accueil qui existent actuellement».
Une raison importante pousserait malgré tout 44 % des interrogés à déménager : disposer d’un logement plus petit et facile à entretenir, plus adapté au changement de mode de vie et aux différents handicaps qui pourraient survenir. Mais plus de la moitié ne concèderait pas son logement pour un lieu dédié aux personnes âgées. «Refus du camp concentrationnaire de vieux gâteux!», témoigne l’un des participants; « Le plus tard possible. Je n'ai aucune envie d'être entre vieux !», précise un autre. Autant de témoignages qui démontrent la perception négative des maisons de retraite et l’effort à poursuivre pour les rendre attractives. Le domicile reste pour la pour la majorité le lieu le plus important, dans lequel elles entretiennent des liens sociaux, bien au-delà des associations ou des réseaux sociaux. Notons également le besoin exprimé de trouver des «lieux pour que les personnes âgées puissent recevoir leur famille ou des amis, que cela ne leur coûte pas une fortune, pour un après-midi ou deux jours». A contrario et sans exemple concret cité, le principe d’un bâtiment «intergénérationnel» regroupant logement senior et étudiant, avec une crèche et des services au rez-de-chaussée, est plébiscité à 83%. Mais là encore, une réaction alerte : «le bâtiment intergénérationnel, oui, mais le plus tard possible !». L’adaptabilité du domicile est donc un enjeu primordial pour que le vieillissement ne soit pas synonyme de déménagement.
Sécuriser la mobilité du quotidien
Les modes de déplacement prioritaires restent la marche, mais aussi la voiture individuelle pour l’ensemble des répondants. Un peu moins d’une personne sur deux place le transport en commun comme mode de déplacement prioritaire. Cependant, 89 % estiment l’offre de mobilité de leur ville adaptée. Au-delà du type d’offre de déplacement, deux thèmes transversaux sont mis en évidence. « Le premier cercle vital concerne la sécurité. Ce critère prend encore de l'importance avec l'affaiblissement des capacités physiques.» Des micro-aménagements sont ainsi souhaités, comme des «lieux de repos dans les espaces publics mais aussi dans les salles d'attente, les musées», confirmant le problème de l’accessibilité bien identifié par les politiques publiques.
Préserver son autonomie
L’adaptation des villes au vieillissement de la population doit peut-être se réfléchir à travers l’autonomie, une notion qui concerne tout le monde, in fine. Comme témoigne l’un des enquêté : « Le problème de l'autonomie reste le niveau de santé physique, intellectuel et moral. L’important pour les personnes âgées est de rester dans des réseaux et surtout de continuer à faire des projets et à avoir des envies.»
1. Les résultats présentés dans cette étude ne sont pas exhaustifs. Ils traduisent une perception et une tendance, et sont restés anonymes par respect pour les participants volontaires.
⇒ Article paru dans le dossier Villes et seniors d'Ecologik 59