Se saisir d'une friche pour planter des tomates, disposer une ruche sur le toit d'un immeuble, garnir son balcon d'aromates : ces « petites » grandes initiatives contribuent toutes, à leur échelle, au développement de l'agriculture urbaine, mouvement qui séduit de plus en plus de citadins et consiste à cultiver de la nourriture entre les murs de la ville.
Une histoire ancienne
Sous l'impulsion d'associations investies et de mairies engagées, les projets se multiplient un peu partout en France : ateliers pédagogiques, jardins partagés, échange de graines, ce ne sont pas les idées qui manquent. Si certaines communes poussent l'optimisme jusqu'à viser l'autosuffisance alimentaire (en mobilisant à cet effet des terrains agricoles aux franges de leur périphérie), fermes urbaines et jardins familiaux restent, dans la plupart des villes françaises, le premier élan vers un sain retour à la terre. Car l'agriculture urbaine remplit non pas une mais de nombreuses fonctions : reconnecter les citadins au vivant, initier les plus jeunes aux cycles de la nature, préserver la biodiversité d'un territoire, tisser des liens entre voisins - qu'ils soient apprentis jardiniers ou horticulteurs de longue date. Cultiver en ville, c'est de l'histoire ancienne : du quartier du Marais, au centre de Paris, on tient le terme de « maraîchage », désignant une agriculture intensive sur de petites surfaces, engraissées autrefois par le fumier de cheval et les boues citadines.
Des usages qui gagnent du terrain
De nos jours, l'espace urbain est devenu un terrain de jeu à appréhender, avec ses travers : en tête, le prix élevé du foncier et la pollution de l'air et des sols. Alors, on redouble d'efforts pour imaginer les méthodes de culture de demain, à la pointe de la technologie. on installe des fermes urbaines dans des écoles ou des parcs pour relancer les circuits courts, on végétalise les toitures des immeubles pour expérimenter la permaculture, on cultive à la verticale pour gagner de la place, ou dans l'eau, en synergie avec les poissons (l'aquaponie), et l'on s'empare des sous-sols pour faire pousser champignons et endives. En marge des expérimentations à visée pédagogique ou commerciale, le jardinage familial et partagé prend de l'ampleur, ancrant dans les mœurs les principes d'une consommation « locavore », tandis que des mouvements citoyens mènent une guerre silencieuse contre le béton, parant les friches d'arbustes fruitiers, de plants de légumes et de fleurs sauvages. Alors oui, nos jardins pourraient bientôt se transformer en paysages comestibles. Une nécessité, selon certains, car ce sont plus de 9 milliards d'humains qu'il faudra nourrir d'ici 2050, dont 70 % habiteront en ville.
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