2050 : imaginer un édifice pour un futur plus humaniste. L’exercice est ambitieux… et excitant. Le concours, porté par le groupe Elithis spécialisé dans l’efficacité énergétique, propose ainsi à des groupes d'étudiants venus des cinq continents de plancher sur l’habitat : définir des qualités de vie, projeter des évolutions technologiques, penser les apports d’autres disciplines, en plaçant l’homme au centre du projet. L’équipe française d’Archi’nnove remporte le premier prix.
Homéostasie
Composée de diverses compétences – architecture, aménagement intérieur, design, bio-informatique, génétique, immunologie, etc. –, l’équipe a essentiellement noué des liens entre sciences médicales et logement. De cet échange émerge le concept d’homéostasie, qui repose sur l’équilibre dynamique entre variations extérieures et stabilité intérieure du système. À l’échelle urbaine, la récupération de ressources (énergie, eau, chaleur) et les échanges entre citadins permettent un certain degré d’autosuffisance. Pour atteindre un niveau de confort domestique, les lauréats ont d’abord recensé les agressions du milieu, telles qu’ils les projettent en 2050. Nuisance sonore, pollution de l’air, stress et malbouffe sont ainsi les maux des résidents à venir du quartier des Groues, le site de la Défense proposé par le concours. Le bâtiment homéostatique est conçu pour y répondre en captant et en filtrant les agressions, tout en réagissant à ces attaques. L’attention est aussi portée sur l’atmosphère que génère l’édifice : l’environnement est le vecteur du bien-être dans sa dimension physique (air, particules, humidité…), psychologique (confort du sommeil, émotions) et sociale (rencontre, interaction, échanges). Les occupants peuvent en faire un usage personnalisé, en intégrant leurs informations génétiques dans un programme de prévention des risques d’infections… la cybernétique n’est pas loin.
Applications concrètes
Pour illustrer leur idée, les auteurs du projet imaginent et dessinent quelques applications concrètes. Pour l’énergie, leur proposition généralise la production d’électricité par transformation des actions mécaniques produites au niveau des planchers (piézoélectricité). La façade est une peau qui joue un rôle de filtre à plusieurs couches : un système de « poils » capte les particules nocives, un verre technologique transforme le rayonnement en chaleur et une zone tampon plantée permet de régénérer la qualité de l’air. L’eau est réutilisée au maximum par des systèmes de captation par condensation, qui récupèrent dans chaque pièce l’humidité ambiante issue de la transpiration des corps. L’eau résiduelle du jardinage est aussi renvoyée aux activités qui en ont besoin, comme la laverie. L’architecture met en place des interactions qui créent une synergie entre les différents usages.
Une journée en 2050
Au terme de cette réflexion, les étudiants français ont imaginé le quotidien des habitants : « Camille se réveille grâce à un système de fenêtre informé de son emploi du temps, qui fait entrer progressivement la lumière naturelle dans la chambre pour inhiber l’hormone du sommeil. Le matelas qui a détecté sur son corps des zones douloureuses transmet ces informations à la salle de bains. Elle prend alors une douche massante dont l’eau a été récupérée de la pluie et de la condensation. » C’est toute la perspicacité de la proposition d’Archi’nnove que de dessiner un concept général, d’en montrer les possibilités, et de les représenter de telle manière que l’on puisse s’y projeter, sans pour autant figer une conception rigide d’un futur toujours fluent.