Il va y avoir du changement sur le macadam… Publié aux éditions Parenthèses, le livre Ville et Voiture décrypte le nouvel équilibre entre l’urbain et la mobilité, à l’heure où les préoccupations environnementales et la crise économique semblent signer la fin du tout-automobile. À l’étude, centre-ville, banlieue et grand territoire, entre covoiturage et marche à pied.
Avec la fin des fossiles faciles, les voitures disparaîtront-elles des villes ? Pas si simple, constate le nouveau livre de la collection « Projet urbain ». Sous la direction de l’architecte-urbaniste Ariella Masboungi, cet ouvrage explore les relations complexes et mouvantes entre l’urbain et l’automobile. Car, quand le prix des carburants augmente, le monde bouge. La progression du numérique favorise ainsi la mutualisation des équipements : auto-partage et covoiturage sont devenus courants en quelques années à peine. Pour Antoine Petitjean, coauteur de l’ouvrage, « la croyance que le peak oil, ce moment où la production de pétrole va plafonner avant de décroître en raison de l’épuisement des ressources naturelles, va changer les villes est une idée fausse. Ce qui va entraîner une métamorphose des métropoles, ce sont avant tout les comportements liés à la mobilité. Le coût des déplacements individuels étant en augmentation constante, l’argument économique et la prise de conscience écologique et sanitaire renforcent l’émergence d’une nouvelle culture qui sert d’ores et déjà de levier : on ne recherche plus la propriété (d’une voiture) mais le service (aller rapidement et confortablement d’un endroit à l’autre) ». Encore faut-il différencier centre-ville, zone intermédiaire et grand territoire : à chaque secteur son équation, précisément décrite au fil des pages. Ainsi, dans les métropoles occidentales, l’hyper-centre, qui a su s’accommoder à la mobilité d’époques successives, devrait se réadapter sans difficultés à une diversité croissante des modes de déplacement. En revanche, cela semble plus complexe pour le périurbain proche, façonné par la voiture. Mais ce handicap pourrait devenir une chance, constate Antoine Petitjean : « Avec la mutation des véhicules et l’avènement de l’électromobilité, certaines contraintes sautent, notamment celle des nuisances acoustiques et de la pollution aérienne. » Alors qu’hier le bruit empêchait les constructions, il sera bientôt possible de se rapprocher des infrastructures telles que le périphérique, dont la mutation va générer des marges de manœuvre énormes. Enfin, si l’on s’écarte des agglomérations, restent des espaces que le moteur à explosion a permis de désenclaver et qui sont les premiers à souffrir de l’envolée des coûts de l’énergie. « Dans ces zones, les différents niveaux de gouvernance demeurent inadaptés aux enjeux de la mobilité et leurs capacités d’investissement réduites peinent à assurer la gestion des infrastructures. De nouveaux concepts sont à inventer, comme la mobilité inverse, qui feraient bouger les équipements et les services plus que les individus : de la médiathèque au musée, en passant par le commerce de proximité, un équipement alternatif du territoire s’esquisse. » Encore un peu de route à faire pour l’urbanisme ?