Depuis 2014, les lignes modernistes du musée d’Israël, à Jérusalem, ont été chamboulées par l’aire de jeux atypique qui trône sur son parvis, pour le plus grand plaisir de ses hôtes : les enfants.
Coup de jeune sur la colline
En 2010 se terminait au musée d’Israël une longue et vaste campagne de travaux, dont la visée était « d’agrémenter la visite des collections et de faire apprécier aux visiteurs l’architecture et le paysage environnant ». Dans la continuité de cette rénovation, le directeur de l’institution lance trois ans plus tard un appel d’offres pour la réhabilitation d’une vieille sculpture et d’un toboggan de l’esplanade d’entrée. Mais la mission se transforme rapidement quand il fait la rencontre de Deborah Fdeda Warschawski et Ifat Finkelman. Formées entre Paris, Londres et Israël, les jeunes architectes le persuadent que cette intervention peut aller plus loin qu'un simple coup de peinture fraîche sur cette place fédératrice, située entre les pôles jeunesse et archéologie. Elles lui proposent donc un projet à la hauteur des enjeux de cette cour, qui est à la fois un lieu de rassemblement, de rencontre, d’attente, de pique-nique et de jeux. Tous les visiteurs transitent en effet par cet espace avant de pénétrer dans les différentes ailes de l’équipement public.
Ma cabane en bois
Seule contrainte donnée par le directeur : utiliser du bois afin de se démarquer de l’architecture minérale des édifices modernistes construits par Alfred Mansfeld et Dora Gad dans les années 1960. « Nous avons d’abord eu peur de concevoir un deck ennuyeux », livre Deborah Fdeda Warschawski. Les conceptrices en ont finalement tiré une maisonnette décomplexée, perchée à 1,80 mètre du sol, dont les lignes enfantines puisent leur inspiration dans l’imaginaire collectif de la cabane dans l’arbre, présente dans nos rêves de jeunesse les plus fous. Grâce à un fin squelette en acier, la structure ludique et sa rampe s’enroulent ainsi autour d’un sempiternel pin qui semble avoir impertinemment pris position dans cette cour minérale et orthonormée. Les lattes d’Ipé non traitées de 2 centimètres d’épaisseur, posées sur champ et à claire clairevoie, permettent quant à elles de créer un jeu de transparence avec le bâti environnant et le sol en caoutchouc souple (epdm). Outre le relief créé, ce revêtement noir camoufle les imposantes racines du colosse végétal, qui ont donné du fil à retordre aux maîtres d’œuvre : « Nous ne pouvions pas savoir où elles se trouvaient avant de creuser les fondations sur micro-pieux dans la pierre de Jérusalem, à 8 mètres de profondeur ! Un agronome était donc présent durant tout le chantier. » Sans compter les vibrations engendrées par un tel chantier, qu’il a fallu maîtriser pour ne pas mettre en péril les collections. Au final, le totem végétal apparaît tel un tuteur que la plateforme de jeux ne touche pourtant pas. Ce n’est que pour les enfants... malheureusement !