Inscrite dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, l'économie circulaire a été conceptualisée en 2018 par l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (Ademe). Elle révèle, dans son livre blanc, le système composé des trois grands enjeux de la ville, déclinés en sept piliers : usages (écoconception, réemploi, recyclage), flux (approvisionnement durable, écologie industrielle et territoriale) et économies (de la fonctionnalité, consommation responsable). Pour en démontrer les bénéfices, l'Ademe accompagne cinq territoires lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt « Économie circulaire et urbanisme » en 2017. Le fondement du réemploi est moteur de projet, même à grande échelle. Ainsi, les architectes de Bellastock (association d'architecture inter-écoles dédiée à la valorisation des territoires et de leurs ressources) pilotent, en 2014 et 2018, le programme de recherche et expertise sur le réemploi en construction (REPAR). Leurs réflexions se poursuivent pour Plaine Commune -un établissement public territorial regroupant neuf communes de Seine-Saint-Denis -, à travers le projet Métabolisme urbain, où la « mine urbaine » est conceptualisée comme la capacité de « puiser dans les propres ressources d'un territoire pour permettre son renouvellement ».
Recycler le foncier
En France, le processus de « recyclage » du foncier est rodé. Afin de dégager du temps et des moyens aux collectivités pour élaborer leur projet d'aménagement, les établissements publics fonciers (EPF) assurent le plus souvent le « portage » des terrains, c'est-à-dire leur acquisition et leur gestion temporaire. En 2018, la base française de données des anciens sites industriels et activités de services (BASIAS) en répertorie 340 000, en activité ou non. Ce gisement foncier, porteur d'enjeux économiques, environnementaux, urbains et sociaux, représente un potentiel déjà largement valorisé par le passé. Des hangars de l'Île de Nantes au Centquatre-Paris, en passant par la Belle de Mai à Marseille, chaque métropole dispose de sa friche reconvertie.
Avant tout, valoriser le patrimoine
Mais, à l'heure de l'économie circulaire, de l'urbanisme temporaire et des tiers-lieux, les friches et anciens bâtiments industriels n'ont jamais été regardés à travers autant de prismes complémentaires et disruptifs. Cette transversalité est exemplaire dans la transformation de la Grande Halle, à Colombelles.
Néanmoins, la problématique sous-jacente à l'économie circulaire reste avant tout de « révéler » ce qui fait patrimoine. Par exemple, à Tilburg, aux Pays-Bas, la prise de conscience de la valeur de l'héritage immobilier industriel a transformé les valeurs du projet urbain et favorisé la création d'un équipement hybride. Si la restructuration d'une friche s'inscrit dans une démarche vertueuse de limitation de l'étalement urbain, l'économie circulaire va plus loin en réduisant l'impact même du processus d'urbanisation et en proposant, in , un autre mode de vie.
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