À Dunkerque, l’exposition « La ville récréative » réinvente la métropole – à hauteur d’enfant. Entre jeu et pédagogie, elle remet l’urbain à portée de ces grands oubliés de l’architecture et de l’urbanisme : les gamins.
La Halle aux sucres de Dunkerque est un ancien entrepôt portuaire, mais ses vastes halls désaffectés plairont à votre progéniture : sur 250 mètres carrés, le Learning Center « ville durable » y questionne l’espace citadin et son appropriation par les enfants. Inspirée par les travaux de son commissaire, le philosophe Thierry Paquot, l’exposition « La ville récréative » inaugure un cycle de réflexion de trois ans centré sur l’enfance. Car, n’en déplaise aux aires de jeux et autres playgrounds mis en avant par les politiques d’aménagement, les moins de 10 ans restent persona non grata en territoire citadin. De rues encombrées et peu amènes en trottoirs désertés, les jeunes des villes sont en effet relégués dans des squares aux divertissements contraints. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le succès des différents ateliers organisés par les musées… en intérieur. « Ce que l’on ne dit jamais, c’est que l’extérieur est désormais interdit aux enfants, alors que les parcours du quotidien devraient être prétextes à la découverte de l’environnement, affirme Thierry Paquot. Pour sensibiliser à la question de la nature, donc de la ville, le mieux reste de loin le jeu ! » À commencer par l’entrée des écoles, qui, selon lui, devraient être ouvertes en parvis, pour une pause spatiale et temporelle dans le rythme effréné de la cité. En attendant, entre informations encyclopédiques et parcours de découverte ludiques pour petits et grands, la manifestation construit des passerelles entre deux univers qui trop souvent s’ignorent : l’enfance et la fabrique de la ville. L’un et l’autre pourraient y grandir.