Rédigé par Marie-Anick Rantos | Publié le 15/05/2015
Gestionnaire du foyer Mélingue, la DASES* dispose en 2008 d’une parcelle mitoyenne à son centre de la rue Levert : un bâtiment en piteux état que la Ville veut conserver pour son caractère typique des Hauts-de-Belleville, doté en arrière-cour d’une friche où se décèlent les traces d’un jardin romantique. Le nouveau pavillon qu’elle souhaite y aménager élargira sa fonction de foyer de la petite enfance par l’accueil de douze adolescents. En 2009, la Direction du patrimoine et de l’architecture est séduite par le projet de Damien Brambilla et de ses partenaires. Contournant les fortes contraintes liées à la vétusté de l’édifice et au terrain étroit et enclavé, ils ont conçu la restructuration autour du principal atout de la parcelle : son îlot de verdure. La contiguïté de l’extension et du centre dédié aux plus jeunes, agrémenté lui-même d’un grand jardin, donne à l’équipe l’opportunité de mutualiser des installations et d’offrir aux enfants et à leurs éducateurs un environnement privilégié en milieu urbain.
Séquences au jardin
Si l’immeuble d’origine en R+3 est doublé en profondeur, les nouvelles constructions tirent profit de l’orientation au sud tout en évitant de priver les riverains des vues dont ils jouissaient. « Le PLU permettait de bâtir davantage, mais l’intention première de la maîtrise d’ouvrage de ne pas dénaturer le site nous a conduits à d’autres solutions. En fragmentant l’architecture sous forme d’extensions basses, nous avons privilégié l’ensoleillement et créé des séquences dans le jardin tout en préservant sa surface », explique Damien Brambilla. Une cour avec des tables au soleil, des buttes plantées, la toiture végétalisée d’une salle d’activités autonome et, en vis-à-vis, le toit-terrasse de la salle à manger génèrent autant d’espaces extérieurs de qualité. Un cheminement en pente douce mène au bout du jardin, où se dissimulent un local à vélos et une entrée stratégique.
L’intérêt des contraintes
La réalisation du chantier dépendait en effet de la possibilité d’ouvrir le mur mitoyen en fond de parcelle, car l’accès par la rue Levert, très étroite et pentue, aurait été compliqué. « Ce passage, la plateforme et la rampe créés pour gérer les travaux par la rue Frédérick-Lemaître ont servi le projet, raconte l’architecte. Ils constituent aujourd’hui une entrée pour les jeunes qui arrivent à vélo et permettent l’accessibilité aux handicapés : un sas de sécurité ouvert entre les deux édifices établit le lien fonctionnel et favorise la mutualisation d’espaces nécessaires aux deux établissements. » La porte sud dirige aussi vers l’escalier extérieur menant au toit-terrasse de la salle à manger, accès direct au premier étage du nouveau foyer par une large baie vitrée. « La lumière pénètre au maximum dans ce hall haut, poursuit le concepteur, et la grande trémie percée pour la volée centrale permet sa diffusion au cœur du bâtiment. » Intermède lumineux entre le rez-de-chaussée réservé aux parties communes et les chambres privées des étages supérieurs, ce niveau convivial accueille bibliothèque, babyfoot, salle informatique et coin télé.
Légèreté voulue et imposée
La fluidité entre lieux de vie et espaces privés, la finesse et l’aspect chaleureux des matériaux éclipsent les difficultés de la réalisation. Le choix stratégique du mode constructif en éléments légers, adaptés à la fois aux normes sécuritaires et énergétiques et à l’étroit cheminement du chantier, répond à l’« inspiration d’une architecture des années 1950 » : grands vitrages et dialogue entre intérieur et extérieur. Structure métallique et planchers collaborants portent l’ensemble du projet. Un remplissage en bois et verre définit les extensions basses. L’immeuble rénové se distingue par sa vêture en zinc, accrochée à une ossature en bois fixée au nez de dalle pour minimiser les ponts thermiques et ponctuée d’ouvertures insérées entre les joints debout. Une esthétique épurée pour une atmosphère sereine et intime, dans une oasis en cœur de ville.
* Direction de l’action sociale de l’enfance et de la santé.