« Il est simple, mais magnifique. C’est le premier projet qui m’a fait penser immédiatement : “ Ce bâtiment est juste superbe ! ” » Voilà les quelques mots prononcés par l’architecte Wang Shu, prix Pritzker 2012, pour expliquer un choix qui, selon lui, s’annonçait comme une évidence : le Kantana Film and Animation Institute, centre de formation aux métiers du cinéma situé à Nakhon Pathom, en Thaïlande, rafle ainsi le prix Wienerberger 2014. Tous les deux ans, cette compétition récompense les constructions qui font bon usage de l’argile. Conçue par l’agence Bangkok Project Studio, l’école cinématographique thaïlandaise constitue à cet égard une illustration magistrale de la force esthétique d’un matériau trop souvent méconnu. Sa silhouette aux 600 000 briques moulées à la main s’impose avec une belle économie de moyens. « Dans ce projet, précise Wang Shu, qui présidait le jury, la brique ne poursuit pas uniquement un objectif décoratif, elle détermine également l’ensemble de la structure, ce que je considère comme particulièrement important. » À Nakhon Pathom, c’est une méthode artisanale qui a été choisie : désormais maîtrisée par un seul village thaïlandais, la technique a été ici enseignée à des ouvriers néophytes, sans qualification, pour une forte plus-value sociale.
Pépite andalouse
Remis le 8 mai dernier à l’Architekturzentrum de Vienne, ce prix prouve la montée en puissance de la terre cuite, dont les propriétés écolos attisent de plus en plus l’intérêt des concepteurs. Cette année, 300 projets en provenance de 26 pays concouraient pour seulement sept trophées à remporter. Les briques y ont montré toute leur diversité : écarlates, immaculées, voire recyclées, comme dans l’ancienne usine de teinture textile que le studio 51n4e a convertie en centre d’art à Courtrai, en Belgique. Tandis que, sur la charpente et entre les colonnes en béton, les ouvertures ont été remplies de briques neuves, les surfaces existantes ont été seulement nettoyées et rénovées. Selon Heimo Scheuch, PDG de Wienerberger AG, « les projets réalisés à partir de briques recyclées sont une grande source d’inspiration et prouvent à quel point ce matériau de construction est résistant et écologique. Je suis très enthousiasmé par la créativité et surtout par l’architecture des projets lauréats, qui est parfaitement adaptée à leur utilisation respective ». Mais derrière ces valeurs environnementales, n’oublions pas le plaisir des yeux ! Dans la catégorie « intégration urbaine », signalons notamment une petite pépite andalouse : à Medina Sidonia, près de Cadix, l’école hôtelière édifiée par l’atelier Sol 89 se déploie dans un ancien abattoir. Les murs blancs anciens, traités à la chaux comme le veut la tradition régionale, en deviennent éclatants, avec en fond des locaux rouge… brique, évidemment.