Milan est en pleine ébullition pendant encore un mois. Après Shanghai en 2010, la capitale lombarde accueille l’Exposition universelle 2015 pour une édition savoureuse, a priori éco-responsable… Zoom sur le pavillon français et sa réponse architecturale au thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ».
Alors que près de 800 millions de personnes dans le monde souffrent de sous-alimentation, l’on estime à plus de 650 millions le nombre d’individus atteints d’obésité : voici la preuve manifeste d’une inégale répartition des ressources alimentaires. L’Exposition universelle 2015 propose à la communauté internationale de réfléchir aux solutions possibles afin de produire et consommer plus intelligemment et durablement. Si 145 pays participent à la manifestation, 53 d’entre eux ouvrent les portes de leurs pavillons, véritables emblèmes nationaux mettant en valeur le savoir-faire et les réponses de chacun à cette problématique. Parmi les différentes « ambassades » se distingue notamment le pavillon vietnamien dont la forme gracieuse réinterprète les fleurs de lotus, qui possèdent la capacité de purifier le milieu dans lequel elles se développent.
Cocorico !
Conçu et réalisé par l’agence d’architecture XTU, le pavillon français, inspiré des Halles de Baltard, reprend la typologie traditionnelle du marché couvert. Sa structure en bois, composée de voûtes et de contre-voûtes, illustre les performances techniques de l’Hexagone, d’où proviennent les matériaux utilisés. La construction, en lamellé-collé d’épicéa à l’intérieur et de mélèze à l’extérieur, offre des courbures inédites, rendues possibles grâce à un système de fixations invisibles élaborées par l’entreprise franc-comtoise Simonin. Peu gourmande en énergie, elle pourra être démontée à la fin de l’expo puis remontée ailleurs. C’est dans son plafond que l’ingéniosité du projet se révèle : la charpente, dont la forme évoque la topographie française inversée, génère des milliers d’alvéoles aménagées par la scénographe Adeline Rispal. Chaque cavité est ainsi comblée par des produits issus des cultures et de la gastronomie, transformant le marché en corne d’abondance, métaphore du rôle nourricier que la France se propose d’endosser. Afin de concrétiser cette démonstration, un restaurant a été aménagé au dernier étage, permettant aux 20 millions de visiteurs attendus à la manifestation de déguster l’ensemble des spécialités régionales. Une exposition pleine de bons sentiments et de saveurs, qui laisse cependant un petit arrière-goût amer lorsqu’on réalise qu’elle prend place sur… d’anciennes terres agricoles !