C'est ce qu'a particulièrement compris Barbara Coignet, fondatrice de la Biennale 1.618, en la nommant du Nombre d'or, cette « divine proportion » établie mathématiquement au début du siècle dernier, mais déclinée depuis l'Antiquité.
Créée en 2009, la biennale est présentée dans le dossier de presse comme une plateforme évènementielle fédérant « un réseau international de marques, d'entrepreneurs, de visionnaires et de créatifs qui redéfinissent le luxe de demain et s'engagent dans un nouvel art de vivre, responsable et durable ».
Elle rencontre depuis un intérêt croissant, dû en partie à la prise de conscience liée aux tragédies humaines, comme l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013, et à l'impact des changements climatiques, chaque saison plus palpable. Cette année, la biennale se tenait au Carreau du Temple, à Paris, en juin dernier, lors de la Semaine du développement durable. Durant trois jours, professionnels et particuliers sont venus découvrir de nouveaux produits, s'en inspirer et écouter conférences et débats sur le sujet. À côté de grandes marques comme Jaguar, sélectionnée par un comité d'experts pour le développement d'un « véhicule 100 % électrique », se trouvent des enseignes plus modestes ou en émergence, dans les secteurs de la cosmétique, de la mode, de la bijouterie ou de l'épicerie fine. Côté design d'objet et mobilier, on note une sélection de facture relativement sobre et classique, utilisant des matériaux naturels et/ou recyclables (bois, métal, feutre, laine, liège), assemblés mécaniquement - et donc démontables facilement -, utilisant un savoir-faire local et artisanal, sorte de valeur sûre voire de valeur refuge. L'innovation de cette présente édition se fait plus discrète et transparaît principalement dans le volet « sourcing et solutions ».
L'économie circulaire s'invite dans les cahiers des charges, incitant à n'utiliser que des matériaux recyclés, à limiter fortement les déchets de production ou à les revaloriser dans un concept d'upcycling.
De nouvelles matières et matériaux sont ainsi à l'étude, promettant de nouveaux usages. En partenariat avec l'entreprise Proplast basée au Sénégal, Sasminimum magnifie les ressources inexploitées pour proposer des revêtements de sol composés à 100 % de déchets plastiques récupérés dans la nature et les océans. Timothée Boitouzet, derrière Woodoo, développe un bois polymérisé devenu translucide et plus résistant que le matériau originel. Authentic Material collecte des résidus de matières et les transforme en matériaux naturels d'exception (corne, bois, cuir, coquillage). La mode n'est pas en reste, puisqu'elle explore les possibilités offertes par les peaux de poisson (saumon, pirarucu) ou, tendance forte du moment, travaille des textures vegan conçues à partir de fibre de coco ou de cuir de pomme.
Venue de l'univers de la mode, Barbara Coignet a donc eu la vision de faire entrer le durable dans le temple du luxe, cherchant à réunir deux mondes a priori inconciliables.
Et si le passage se fait encore par le chas de l'aiguille, les acteurs d'hier trouvent ici une belle opportunité de rester dans l'air du temps, au risque d'être réellement devancés par une jeune génération décomplexée, innovante, soucieuse d'un futur éco-responsable et, surtout, experte dans l'art de communiquer.
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