EK a fait la lumière dans son n°42 sur l'habitat participatif, cette tendance qui, si elle attire, rencontre encore des difficultés à s’imposer en France. A titre d'exemple, fin 2014, trois jours de débats à la Maison de l’architecture en Île-de-France confirmaient l’engouement pour cette forme d'habitat alternative. Retour sur les enjeux discutés.
Du 13 au 15 novembre 2014, l’habitat participatif a soulevé bien des questions à la Maison de l’architecture en Île-de-France. Des doigts levés, des conférences applaudies… le sujet a fait salle comble, à l’heure où les villes sont de plus en plus nombreuses à tenter l’aventure, y compris Paris. Cet automne, trois sites étaient en jeu dans la capitale, pour 30 dossiers présentés au départ1. En décembre, 12 projets ont été sélectionnés pour poursuivre la phase 2. « Les lauréats seront ensuite accompagnés, souligne Hervé Saillet, directeur de CUADD2 Conseil, mais l’idée, c’est aussi que les groupes non retenus trouvent une parcelle. » Une problématique qui s’ajoute à d’autres interrogations, notamment comment convaincre son banquier. Le mouvement qui suscite un intérêt croissant se heurte encore en France à la frilosité des acteurs. Si l’idée ne date pas d’hier – une centaine de bâtiments fédérés par le mhga3 sont sortis de terre dans les années 1970 –, la législation peine toujours à s’ajuster. Crise oblige, le nombre d’initiatives augmente, mais pour combien de réalisations au final ? Le goulot d’étranglement s’explique notamment par un cadre juridique inadapté. Si depuis mars 2014 la loi alur donne de l’espoir pour l’avenir, il reste encore du chemin à parcourir, comme l’explique Yann Le Lausque, responsable de marché au Crédit coopératif : « Elle crée deux systèmes, les coopératives d’habitants et les sociétés d’autopromotion. Les premières se financent souvent sur 50, 60, 70, voire 99 ans, par des prêts qu’une banque classique n’est pas en mesure d’émettre, tandis que les secondes demandent de voir une garantie d’achèvement sanctionner l’opération, comme dans un projet de promotion conventionnel. Les garants sont alors difficiles à trouver car les groupes, dont la construction n’est pas le métier, sont considérés avec méfiance dans le milieu du btp. » En 2015, des décrets d’application très attendus devraient cependant permettre à la nouvelle voie du logement de se frayer un chemin dans la tête des professionnels français.
1. www.habitatparticipatif-paris.fr
2. Concertation en urbanisme et en architecture pour un développement durable.
3. Mouvement de l’habitat groupé autogéré