Loin des mouvements de mode et des tendances du marché de l’art international, elle poursuit son exploration esthétique, dans la mouvance des artistes expressionnistes. Elle bouscule les convenances, en créant des fusions de couleurs et de formes. Ses peintures vont au-delà de la description fidèle de la réalité. Par les formes, les textures et les couleurs, elles expriment des sentiments et transmettent une sensation vibrante.
En réinterprétant la vision du réel, en l’exaltant, l’artiste suscite une réaction, peut-être une interrogation, un trouble certain. L’harmonie est présente, toutefois ses tableaux pourraient être le décor d’un théâtre, où se joue le dernier acte d’un drame qui met en scène un monde splendide… menacé par une destruction imminente.
« En montrant ces paysages du Connecticut, cette feuille en gros plan, l’herbe qui danse dans la brise, le ciel bleu se reflétant sur l’eau cristalline des ruisseaux, les silhouettes de ces vieux arbres dans les champs, je veux contribuer à protéger la splendeur qui nous entoure, pour que les générations futures puissent aussi l’aimer et en profiter. » explique Jan Dilenschneider.
Les deux éléments majeurs de son travail sont la couleur et le rythme du geste. Dans sa pulsation, le geste réunit la passion et l’émotion qui habitent l’artiste. Elle commence chaque toile, avec un grand coup de pinceau, qui imprime son énergie à la toile. Ses mouvements sont rapides et puissants. Au-delà des brosses, elle utilise aussi des racloirs ou parfois, elle plonge dans la toile à mains nues, avec ses bras imprégnés de pigments, pour ajouter, estomper, ou effacer afin de modifier la texture, lui donner plus de contraste et de densité.
Ses tableaux captent les regards qui perçoivent cette énergie et cette profondeur de la vision. La couleur transmet la joie, c’est elle qui sollicite l’œil. Quand les couleurs cohabitent, elles deviennent éclatantes, presque insolentes et renforcent l’impact visuel.
« Lorsque je regarde un paysage, j’ajoute parfois de la couleur là où personne ne la voit, ou je la modifie et lui donne plus d’intensité. Je choisis un vert que j’appose à côté d’un bleu et je souligne le violet. J’aime les nuances de rose fondu avec des tonalités orangées, des lilas grisés opposés à un jaune vif…. Et je me dis alors : est ce que j’entends la couleur chanter ? »
Elle présente ses toiles de grande dimension « par paire » en diptyques, ou en triptyques, peintes simultanément, avec la même énergie, mais qui pourraient également être séparées. Récemment, elle explore la verticalité des triptyques. Une énergie différente habite chacune de ces peintures, mais c’est toujours la même vitalité, dans sa puissance et sa lumière qui fait irradier chaque tableau.
Elle a été marquée par l’œuvre du paysagiste américain Thomas Cole, (né en 1801 en Angleterre), qui a cherché le « sublime dans la beauté des paysages et la splendeur dans le spectacle de la nature à l’état sauvage ».
Précurseur de la vision écologique contemporaine, celui-ci écrivait dans son manifeste Essai sur le Paysage américain (1836) : « Je ne peux m’empêcher de déplorer que la beauté de ces paysages s’éteigne rapidement. Une prochaine génération contemplera des sites, aujourd’hui splendides, profanés par ce qu’on appelle le Progrès ; lequel, jusqu’ici, détruit la beauté de la Nature sans pour autant la remplacer par celle de l’Art ».
Jan Dilenschneider, ajoute « Les artistes ont une responsabilité importante pour amorcer la prise de conscience du public sur les enjeux actuels de notre société. Les questions environnementales en font largement partie au même titre que les déséquilibres politiques internationaux ou la suppression de la liberté d’expression. Je pense que l’art peut agir efficacement dans ces domaines et apporter des changements positifs pour restaurer l’espoir. Oui, l’art peut sauver la beauté du monde et protéger la nature. Si les mots pouvaient tout dire, nous n’aurions pas besoin de peintres ! ».