La COP25, qui s'est tenue à Madrid en décembre 2019, souligne le désengagement de plusieurs leaders mondiaux : celui de la Chine, premier pollueur au monde, des États-Unis, deuxième pollueur mondial, de l'Inde, du Brésil ou de l'Australie, qui ne veulent pas s'investir dans l'effort collectif nécessaire pour limiter la hausse attendue des températures moyennes.
À croire que beaucoup peinent encore à donner du crédit aux affirmations scientifiques et aux prévisions du GIEC, lequel précise, dans un communiqué de presse du 25 septembre 2019, que « le réchauffement planétaire a déjà atteint 1 °C au-dessus des niveaux préindustriels, en raison des émissions passées et actuelles de gaz à effet de serre ». Une annonce qui rappelle l'urgence à mettre en œuvre les objectifs des Accords de Paris, validés en décembre 2015 par 195 pays dans l'intention de maintenir un réchauffement planétaire en dessous de 2 °C d'ici 2100. Dans ce même rapport, le GIEC poursuit : « Les glaciers, la neige, la glace et le pergélisol sont en déclin et continueront de l'être. Selon les projections, ce recul devrait accroître les risques pour les populations, par exemple les aléas tels que les glissements de terrain, les avalanches, les chutes de pierres et les inondations. » D'une façon un peu caricaturale, cela signifie que les risques naturels seront amplifiés dans les années à venir : là où il pleut, il pleuvra encore plus, là où les sécheresses sont importantes, elles le seront davantage, provoquant des incendies de plus en plus complexes à maîtriser.
Notre environnement, nos écosystèmes, les circulations atmosphériques et océaniques ne tiennent que par un équilibre, qui, comme tout système en place, reste extrêmement sensible aux perturbations anthropiques. Le bouleversement de cet équilibre entraîne dans sa chute une série de réactions en chaîne, qu'il est difficile par la suite de corriger ; et les exemples récents ne manquent pas de nous le rappeler.
Certes, d'aucuns diraient, comme le magazine en ligne atlantico.fr, que « le dérèglement climatique contraint à évoluer pour survivre », et que, dans l'histoire de la Terre, cet épisode pourrait bien passer pour un détail, au même titre que l'extinction des dinosaures. Après tout, certaines espèces vivantes montrent déjà des signes d'adaptation, comme les écureuils roux qui, vraisemblablement, décalent leur saison de reproduction suivant l'élévation des températures, nous apprend ce même média. Il est évident que la vie nous succèdera et, avec elle, les espèces les plus résistantes qui auront su s'acclimater ; tandis que, à l'inverse, les plus fragiles s'éteindront ; car le changement climatique est trop rapide pour que la totalité de la faune et de la flore survive à cette modification environnementale.
Ainsi, la question pour nous, humains, est de savoir si nous pourrons acquérir une résilience climatique suffisante, alors que des générations entières avant nous ne se sont pas adaptées aux risques naturels : éruptions volcaniques, tsunamis, séismes, inondations… La résilience ne se décrète pas, elle se construit socialement, culturellement, sur un temps long ; et ce d'abord et avant tout à l'échelle locale. Or, disposons-nous de ce temps ?
Des plans climat comme outil ?
Aucune ville, dans son ensemble, n'est exemplaire lorsqu'il s'agit de faire front au changement climatique ; rares sont celles qui mettent en place des actions opérationnelles et rapides afin de contrecarrer les submersions marines, les inondations, le risque incendie, la sécheresse et la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES), condition sine qua non à la diminution de l'effet de serre. Si quelques cas sont inspirants, comme nous le verrons dans les lignes qui suivent, le constat révèle à quel point l'adaptation aux conséquences des perturbations climatiques est un enjeu primordial pour nos villes et nos sociétés.
En France, depuis 2017, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte s'est enrichie des plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET), des outils de planification grâce auxquels les agglomérations de plus de 50 000 habitants prévoient une série d'actions pour lutter contre le dérèglement climatique sur une durée de six ans renouvelables. Depuis janvier 2019, les PCAET ont été rendus obligatoires également pour les agglomérations de plus de 20 000 habitants. Au 1er septembre 2019, 707 collectivités territoriales, dont 108 de moins de 20 000 habitants, étaient engagées dans cette démarche, c'est-à-dire à peine plus de la moitié des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) français.
Néanmoins, si cet outil est un document indispensable pour planifier la stratégie territoriale des agglomérations françaises, il n'en reste pas moins que sa concrétisation est parfois difficile à percevoir, avec un risque, à terme, que les collectivités ne s'en tiennent qu'à l'énumération de grands objectifs à atteindre. Nantes Métropole, par exemple, met en avant des engagements à échéance de 2030: celui d'investir 100 millions d'euros dans la rénovation thermique des bâtiments. Quand on sait, d'après travaux.com, que la rénovation d'un appartement nantais, en 2019, coûte en moyenne 16 700 € pour 20 m2 et 90 200 € pour une maison de 100 m2 - en fonction de l'état initial du logement et du type de travaux effectués -, il faudra probablement compter sur l'aide et le soutien de beaucoup de partenaires, comme l'ANAH (Agence nationale de l'habitat), l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), les bailleurs, le secteur privé et les dispositifs d'État pour parvenir à réhabiliter un parc vieillissant : trois Nantais sur quatre habitent actuellement dans un logement ancien1 .
Une métropole comme Grenoble, fortement impactée, en raison de sa géographie, par les GES qui stagnent dans les vallées, a pris les devants depuis 2005 en misant sur une réduction des consommations énergétiques et l'augmentation de l'utilisation des énergies renouvelables. Ainsi, entre 2005 et 2016, les émissions de GES ont décru de 25 %.
Cette baisse est surtout liée au recul des émissions du secteur industriel (- 43 %) et montre qu'il reste un effort à poursuivre dans les secteurs du logement (- 12 %), des transports (- 7 %) et du tertiaire - peu exemplaire (- 6 %).
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1. D’après les données mises en ligne sur le site de la Ville de Nantes, nantes.fr.