Aujourd'hui plus que jamais, nous construisons, expérimentons et réinventons nos cités.
Face aux défis posés par le changement climatique, les réflexions sur les villes durables et les écoquartiers fleurissent, et invitent à remettre en question le paradigme dominant de l'urbanisme moderne. Parce que notre époque connaît de grands bouleversements et que la population mondiale ne cesse de croître sur une planète limitée en ressources, des alternatives émergent partout dans le monde et prônent une approche systémique de l'implantation et de la rénovation urbaines, tout en questionnant les anciennes façons de concevoir et de construire la ville, et le vivre ensemble.
Depuis l'Antiquité et jusqu'à la Révolution industrielle, l'homme a érigé des villes nouvelles par volonté politique. Souvent liées à l'extension territoriale, au contrôle de zones stratégiques ou à la concentration d'activités commerciales, les premières villes nouvelles sont les colonies de l'Empire gréco-romain (comme Marseille) et plus tard, au Moyen-Âge, les castelnaus et bastides construits par les seigneurs pour peupler les alentours de leurs châteaux.
À partir du XIXe siècle et durant toute l'époque contemporaine, des villes nouvelles à vocation industrielle se développent autour des mines puis des usines, comme Lens dans le bassin minier du Nord, Montceau-les-Mines, Albertville, …
Encore de nos jours, dans beaucoup de pays du monde, des villes nouvelles se construisent pour répondre à un exode rural massif.
C'est le cas de la Chine, le pays qui en érige le plus grand nombre : 246 entre 1990 et 2008. En France, neuf des villes nouvelles sont plus connues que les autres, car elles découlent d'une politique publique voulue par l'État en 1965. Cinq d'entre elles se trouvent en Île-de-France et ont été réalisées pour éviter une trop grande concentration d'habitants dans la capitale et un développement incontrôlé de sa banlieue. Depuis leur création, elles sont destinées à développer un riche patrimoine culturel et social, mais subissent également les aléas d'une dégradation rapide et d'une stigmatisation sociale forte. Résolument tournées vers l'avenir, elles se forgent aujourd'hui une identité verte et durable, en adoptant des mesures concrètes pour, parfois, retrouver une identité, ou, plus souvent, poursuivre le rêve à l'origine de leur conception. Car au-delà d'être purement fonctionnelle, une ville nouvelle est depuis toujours le rêve d'une cité idéale par ses concepteurs, où tout est pensé pour créer de la cohésion et du bien-être. Elle est aussi et avant tout une ville rêvée, expérimentale, où tout est possible. Les villes nouvelles seraient-elles des exemples à suivre ?
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