Propos de Mikaël Mercier et Michel Audouy, Président de Val'hor et Secrétaire général de la Fédération française du paysage et Président délégué de Val'hor, à la COMEP.
Quelle est la philosophie défendue par Val'hor ?
Val'hor est l'interprofession française (métropolitaine) qui regroupe les professionnels du végétal et représente les 53 000 entreprises de la production horticole, de la distribution (jardineries, fleuristes, grossistes) et les paysagistes (conception et réalisation). Nous menons plusieurs actions afin de promouvoir le végétal aussi bien auprès des particuliers qu'auprès des donneurs d'ordre.
Nous travaillons étroitement avec certains acteurs institutionnels comme l'Association des maires de France (AMF), le Concours des villes et villages fleuris (CNVVF), Hortis (les responsables d'espaces nature en ville), et nous collaborons avec d'autres acteurs privés et/ou publics comme par exemple l'Union sociale pour l'habitat. Outre nos actions de promotion et de valorisation, l'une de nos principales actions est l'organisation des Victoires du paysage qui se déroulent tous les deux ans, et où nous récompensons plusieurs échelles de réalisation : le jardin particulier, l'entreprise, la collectivité en associant les producteurs, le concepteur et l'entreprise du paysage. Nous rentrons dans notre 6 e édition. L'édition précédente a mis à l'honneur les plus belles réalisations parmi quelque 150 dossiers reçus. Le jury sélectionnera des dossiers avant l'été et visitera tous les projets, puis les prix seront remis le 6 décembre 2018. Nous pensons que le végétal doit pouvoir amener de plus en plus de solutions techniques aux problèmes de la fabrique de la ville.
Quelle place doit avoir le végétal en ville, selon vous ?
Le végétal est essentiel à la vie, c'est le titre du plan de filière de Val'hor et l'idée que nous défendons. Que ce soit sur le plan de la santé, au niveau social, ou même en tant que réponse apportée dans sa mise en œuvre mais aussi comme solution technique (gestion de l'eau, traitement des réseaux, baisse des températures), le végétal est utile techniquement, culturellement et économiquement. Il contribue également à la valorisation d'un territoire et à la qualité de son image. Nous nous appuyons aujourd'hui sur des études qui démontrent les bienfaits du végétal sur la santé, le lien social ou même l'économie d'un territoire.
L'une des missions majeures de Val'hor est de promouvoir le végétal à travers la valorisation de tous les savoir-faire, de toutes les personnes qui mettent en œuvre le vert dans la ville et cela nécessite une vraie compétence. La tendance dans l'architecture et la promotion immobilière est (trop souvent) au green-washing , mais sans positionner derrière les compétences et les conditions idéales pour pérenniser le végétal en ville. La filière, quant à elle, tient à ce savoir-faire, parfois ancestral, et nous mettons en avant la production locale et valorisons les circuits courts pour une meilleure écologie des paysages. Nous avons une belle école française du paysage qu'il faut également valoriser aujourd'hui.
Quelles sont les actions qui sont emblématiques de votre démarche ?
Les Victoires du paysage restent un évènement majeur qui prend de l'ampleur et qui se démultiplie en régions. C'est un moment important pour la filière. Nos actions, par ailleurs, sont essentiellement institutionnelles. Nous sommes confrontés à la difficulté de pouvoir mesurer les effets du végétal en ville et de savoir concrètement quelles sont les solutions et les améliorations qu'il apporte aux habitants. Certaines collectivités ont baissé les commandes ces dernières années, et dans plusieurs projets il paraît parfois plus simple de mettre du minéral plutôt que du végétal. Nous avons à cœur de montrer que privilégier le végétal bénéficie à l'ensemble de la collectivité. C'est pourquoi nous avons mis en place un outil de mesure, le toolkit , développé par un groupe universitaire anglais, qui nous permet de montrer et de valoriser l'influence du végétal en ville. Nous nous appuyons sur une grille d'indicateurs précis : analyse de la valeur immobilière (avant/après) ; bénéfice climatique (baisse de la température) ; attractivité commerciale et culturelle ; bénéfices pour la santé, etc. Nous avons d'abord expérimenté l'outil à Niort (Deux-Sèvres), sur une ancienne place de foire, centrale dans la ville, qui a été transformée en parking au XX e siècle. Celui-ci a finalement été enterré pour privilégier un vaste jardin public qui a permis de revitaliser un centre-ville en déclin. Les bars tout autour ont à nouveau ouvert, la ville à réinstallé un cinéma, et c'est tout le cœur de ville qui a pu retrouver un dynamisme grâce à cet espace paysager aéré, frais en été. Nous poursuivons l'expérimentation de l'outil à Nantes (Loire-Atlantique) et à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), et cela nous permettra de prouver l'utilité du vert dans les projets urbains. Nous allons également démarrer un programme européen mené avec six autres pays afin de promouvoir la Cité verte pour les villes de demain. C'est un projet issu d'un cercle de réflexion présidé par l'écrivain Erik Orsenna que nous menons depuis 2011 et pour lequel nous avons publié un Manifeste pour une cité verte. Ce programme permettra de bénéficier de fonds européens afin de promouvoir la ville verte et les solutions que nous pouvons apporter, et de partager les expériences avec d'autres pays européens.
Entretien paru dans Ecologik 58 : Confort et économie, les vertus du bois