Cinq décennies de construction, 72 projets… jusqu’à l’automne 2015, les bâtiments ont plusieurs vies à la Cité de l’architecture. Le temps de l’exposition, les réalisations se métamorphosent au fil des époques et des envies, du Musée maritime national du Danemark installé par BIG Architectes en fond de cale dans un vieil embarcadère, au FRAC de Dunkerque signé par l’agence Lacaton & Vassal dans un ancien chantier naval. Ici, il n’est pas question de réhabilitation mais bien de transformation, vue comme un véritable acte de création. Huit grands axes donnent au visiteur des pistes de reconversion pour édifices usagés. Silos et bunkers s’y muent en médiathèques ou musées, tandis que les industries minières et les moulins deviennent des bureaux ou des centres de formation. Dans cette sélection, les ouvrages sont iconiques et les maîtres d’œuvre stars : l’œuf de Renzo Piano, qui accueille à Paris la Fondation Seydoux-Pathé, y côtoie le mémorial du camp de Rivesaltes de Rudy Ricciotti. Un choix qui laisse dans l’ombre des réalisations certes moins spectaculaires, mais sans doute tout aussi intéressantes. Conçue pour mieux se réinventer, la scénographie renouvellera son contenu tous les trois mois afin de coller au propos et de dévoiler tour à tour l’ensemble des opérations sélectionnées. Face aux projets, la longue frise chronologique, qui étire sur un mur blanc cinquante ans de réussites et déboires de la reprogrammation, se termine par une date noire : la destruction à la pelleteuse de la villa Aghion d’Auguste Perret, à Alexandrie, en 2014. S’il existe mille et une alternatives à la démolition d’un bâtiment, encore faut-il croire à une possible renaissance, et s’en donner les moyens.