Quelle est la part et la place des séniors en ville ?
Aujourd’hui, la France compte 1,5 million de personnes de 85 ans et plus. À l’horizon 2050, elles seront 4,8 millions.
En 2016, près 7500 EHPAD accueillaient plus de 600 000 personnes âgées et près de 760 000 personnes âgées en perte d’autonomie bénéficiaient des prestations d’un service d’aide et d’accompagnement à domicile.
Les séniors ont toute leur place dans la vie de la cité, à laquelle ils participent pleinement, que ce soit au niveau de l’économie ou de la vie sociale. Ils s’impliquent dans le domaine associatif, participent à la garde des petits enfants, pratiquent des activités sportives, ou autres…
Les politiques publiques menées à destination des séniors ces dernières années ont pour ambition, de leur permettre de rester en bonne santé le plus longtemps possible. Pour cela la prévention et l’accompagnement sont des enjeux majeurs pour faire en sorte que la perte d’autonomie survienne le plus tard possible, et permettre aux séniors de mener à bien leur projet de vie et d’avoir toute leur place dans la ville.
Quelles sont les actions de solidarité intergénérationnelle et de lutte contre l’isolement que vous menez ?
La prévention tout au long de la vie est un des axes majeurs de la Stratégie nationale de santé, qui s’est notamment traduite par le Plan Priorité Prévention présenté en mars dernier. Celui-ci prévoit plusieurs mesures concernant les personnes âgées, ciblées par exemple sur les bienfaits de l’activité physique et de l’alimentation et sur les repérages et prises en charge précoces. L’accent y est également mis sur le passage à la retraite, le lien social et la lutte contre l’isolement ou encore l’aménagement du logement et l’accès aux aides techniques. A titre d’exemple, un bilan de santé gratuit sera désormais systématiquement proposé par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) au moment du départ à la retraite.
La feuille de route Grand âge et autonomie, présentée le 30 mai 2018, engage des actions fortes à court et moyen terme pour promouvoir le vieillissement en bonne santé et assurer des améliorations concrètes dans l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie, dans l’appui à leurs aidants et aux professionnels intervenant à domicile ou en établissement.
La cohabitation intergénérationnelle solidaire permet la rencontre de jeunes (étudiants, apprentis et jeunes de moins de 30 ans ayant des difficultés financières ou d’accès à un logement) à la recherche d’un logement et de personnes âgées de plus de 60 ans souhaitant une présence bienveillante. Elle est un vecteur concret de solidarité permettant aux personnes âgées de rompre leur isolement et aux jeunes d’accéder à un hébergement à un coût modéré. Pour accompagner le développement et la structuration de cette offre, la cohabitation intergénérationnelle solidaire est inscrite dans le projet de loi pour l’évolution du logement, l’aménagement et la transition numérique, qui est en cours d’examen au Parlement, et une charte nationale sera élaborée d’ici la fin de cette année.
Quelles seraient les pistes d’amélioration à apporter selon vous ?
L’offre de logements doit s’adapter aux besoins et souhaits des personnes âgées. Celles-ci doivent pouvoir bénéficier d’alternatives au maintien à domicile ou à la vie en établissement. Dans cette optique, plusieurs mesures de la feuille de route incitent au développement de formes d’habitat alternatif et inclusif.
Vivre à plusieurs dans un même ensemble de logements, avec une aide quasi permanente, est un moyen de ne pas rentrer en établissement sans rester isolé. Cette nouvelle forme d’habitat qui se développe doit trouver un financement et un cadre juridique. Le projet de loi pour l’évolution du logement, l’aménagement et la transition numérique permettra de soutenir cette nouvelle offre par la création d’un forfait « habitat inclusif » qui financera la sécurisation et l’animation de la vie collective. Dès 2019, 15 M€ seront consacrés au financement de ce forfait.
Au cœur des problématiques du « bien vieillir », la filière Silver économie est le regroupement des acteurs économiques et industriels qui participent à l’adaptation de la société au vieillissement de la population. Cette filière constitue une réponse pour prévenir la perte d’autonomie et améliorer la qualité et le confort de vie des séniors via la conception de produits, technologies, équipements et services adaptés mais aussi via l’adaptation des logements et des transports. Il s’agit de répondre aux besoins des personnes âgées dans toutes leurs dimensions, au service d’une pleine intégration sociale. Son animation sera renforcée pour répondre aux enjeux prioritaires de l’adaptation de la société au vieillissement.
⇒ Retrouvez le dossier Villes et seniors : quels enjeux ? dans Ecologik 59 (septembre-octobre-novembre 2018), disponible en kiosque et sur la boutique en ligne.
⇒ Lire les propos de Galla Bridier, Adjointe Seniors et autonomie à la Ville de Paris, conseillère métropolitaine sur les seniors en ville