Dans un taxi à São Paulo, sur un chameau en Mongolie ou sur une péniche en Finlande, il est possible d’emprunter des livres partout, et encore plus dans des lieux insoupçonnés. Panorama des bibliothèques les plus surprenantes dans un ouvrage complet et passionné.
La bibliothèque, un lieu froid, triste et poussiéreux, perdu au milieu de la ville ? Improbable Libraries, très beau volume du journaliste Alex Johnson publié aux éditions Thames & Hudson va épousseter votre vision de cet espace à l’image injustement vieillotte ! Un voyage unique autour des installations les plus originales de la planète. Organisée autour de plus de 200 projets et découpée en cinq parties thématiques, cette odyssée illustre la façon dont « on lit et partage des livres au XXIe siècle », dixit celui qui est tombé dedans lorsqu’il était petit, puisque fils de bibliothécaires. Et c’est visiblement sous une tour préau à Riga ou sur le dos d’un âne en Éthiopie que certains ouvrages sont mis à la disposition du public ! Mais que l’on ne s’y trompe pas : l’ambition de ce périple ne se borne pas à l’étonnement et rappelle que ces lieux sont bien souvent la manifestation spatiale d’enjeux sociopolitiques. Tous ces exemples « proposent bien plus qu’une simple collection de livres. Nombre d’entre eux génèrent des noyaux communautaires, et aident leurs membres à dépasser les obstacles économiques, sociaux et géographiques auxquels ils sont confrontés », analyse l’auteur. Si l’éléphant Boom-Boom relie certains villages isolés du Laos, c’est moins pour faire parler de lui que pour approvisionner les écoles de la région de Sainyabuli, où certaines sont situées à deux jours de voyage de la route ou de la rivière navigable la plus proche. Dans un tout autre registre, à l’université d’Aberdeen, les équipements dessinés par l’Atelier Schmidt Hammer Lassen Architects soulignent certaines problématiques d’aménagement : comment permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la culture sans être impressionné par la nature même de ces établissements ? C’est peut-être en réponse à ce caractère intimidant que se multiplient les structures « pop-up », où les utilisateurs échangent des volumes librement, s’affranchissant au passage de la nécessité de surveillance… C’est enfin la preuve, n’en déplaise aux pessimistes, que ces établissements ne disparaîtront pas au profit de leurs ersatz numériques. « La vérité, c’est que les gens aiment aller à la bibliothèque », assure Alex Johnson. Qu’il en soit certain : cet ouvrage donne envie d’y retourner !