À l’échelle de la métropole, la mairie de Paris a entrepris une véritable métamorphose de ses infrastructures de transport, avec l’objectif de laisser aux mobilités alternatives une place de plus en plus importante et de procurer aux habitants des espaces de respiration. « Dans le Paris de demain, il est nécessaire d’encourager le développement des modes de transport actifs, comme la marche, le vélo ou la trottinette, et des mobilités partagées, comme le covoiturage », explique Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris chargé des transports, des déplacements, de la voirie et de l'espace public. Le changement s’opère. Au cœur de Paris, de longues portions des berges de Seine sont désormais complètement piétonnes. Lieu fondateur de la capitale inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, les berges ont connu de multiples aménagements et accueilli des usages différents au fil des époques. Ouvertes à la circulation sous forme de voies express dans les années 60, elles ne connaissent des « dimanches piétons » qu’à partir de 1996. En 2013, les Parisiens commencent à investir les berges de la rive gauche, devenues lieu de promenade et d’activités sportives. Jardins flottants, péniches, événements culturels, partout de nouvelles affectations s’expérimentent, en adaptant l’existant et en misant sur une appropriation par le public. En mars 2018, c’est au tour de la voie express de la rive droite de céder la place aux piétons et cyclistes, grâce à l’action de la maire, Anne Hidalgo. Son projet : convertir cette autoroute urbaine en véritable parc en cœur de ville, où la pelouse remplace le bitume. « L’hégémonie automobile en centre-ville est fortement remise en cause. La piétonnisation des berges de Seine a été un grand succès, montrant que nos concitadins aspirent à se réapproprier des espaces urbains. Je suis frappé de constater que grand nombre de projets proposés au Budget participatif de la Ville visent à y réduire la place de la voiture », note Christophe Najdovski.
Sur les Maréchaux, place au tramway
Autre « ceinture » de la ville, les boulevards des Maréchaux entourent Paris sur 33,7 kilomètres en reliant ses différentes portes. Longtemps dévolus à la voiture individuelle, ils ont contribué à séparer les tissus urbains de Paris et de sa banlieue proche. Aujourd’hui, ces boulevards sont désormais largement occupés par le tramway, réintroduit dans la capitale dans les années 2000. En effet, peu savent que le tramway est arrivé à Paris bien avant le métro : à la fin du XIXe siècle, le réseau comptait 600 kilomètres de lignes ! Dès les années 30, le développement automobile prend le dessus, mais les encombrements provoqués par les voitures convainquent la municipalité de progressivement se réengager dans le tramway, solution de transport moderne et écologique. Cette décision est riche de conséquences : la réintroduction des tramways a non seulement résorbé les fractures en reconnectant des communes riveraines, mais a aussi requalifié un cadre urbain dégradé en améliorant l’aménagement paysager des boulevards. Lors de l’installation, puis de la prolongation de la ligne des Maréchaux sud – le tram 3 –, les voies de circulation ont été engazonnées sur 60 000 mètres carrés et 1 000 arbres ont été plantés le long du tracé et dans les rues adjacentes. Cette végétalisation transforme progressivement ce qui était un axe routier bétonné et redonne de l’attractivité aux cafés, restaurants et boutiques, qui remplacent peu à peu concessionnaires automobiles et garagistes.
Le boulevard périphérique : perspectives
À moyen terme se pose la question de l’avenir du « périph », autoroute urbaine construite tout autour de Paris dans les années 70. Il s’agit de la route la plus fréquentée d'Europe, empruntée tous les jours par un million de véhicules. Cette « muraille » en béton engendre aujourd’hui une fracture physique au sein même du Grand Paris, étant, de surcroît, source de nuisances sonores et d’une très forte pollution atmosphérique. Aux grands maux, les grands remèdes ! Dans le cadre du Forum Métropolitain du Grand Paris, la mairie a lancé, en 2018, un concours international pour préparer le déclassement du boulevard périphérique à l’horizon des JO de 2024. « Le lancement du Forum vise à mener une grande réflexion sur l’avenir du périphérique, certes, mais aussi sur celui de toutes les autoroutes d’Île-de-France, car l’ensemble du réseau routier est interconnecté. Il faut réinventer ces infrastructures : dans un premier temps, y intégrer des voies dédiées aux véhicules propres, comme des lignes de bus express, puis réduire le nombre de voies circulées au profit du vélo, voire y créer des espaces verts », conclut Christophe Najdovski. À l’issue du concours, les propositions présentées par quatre collectifs d’experts ont fait l’objet d’une exposition, Les Routes du futur du Grand Paris, au Pavillon de l'Arsenal. Toutes prônent la réduction de la place de la voiture sur les grands axes routiers franciliens aux horizons 2030 et 2050. De quoi initier une révolution « verte » de la mobilité métropolitaine.
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