Voilà ce que l’on appelle un sujet concret : développer une petite structure d’accueil, soit pour les Grands ateliers de L’Isle-d’Abeau, pôle d’enseignement avec cafétéria mais sans hébergement, soit pour la cité des décathlètes, à Versailles, village éphémère destiné à loger les participants au Solar Decathlon, compétition internationale d’architecture. Bref, créer une base démontable, durable, vivable, le tout en bois. Un cahier des charges costaud que les 80 inscrits au master ont vu atterrir sur leur pupitre à la rentrée 2013. Avec ce workshop, la formation, qui a pour thématique l’habitat social et écoresponsable, met ses étudiants les mains dans la sciure dès les premiers jours. L’objectif est la réalisation d’un projet dans son intégralité : de l’esquisse à la réalisation de l’enveloppe et de son agencement. Derrière les apprentis architectes, quatre professeurs, dont Rémi Mouterde, enseignant chercheur à l’antenne lyonnaise : « Avec ce module, nous ne formons pas les élèves à un seul travail de conception. Nous leur apprenons à se confronter à la réalité, avec l’aboutissement de leur étude à l’échelle 1. » Classées en quatre catégories, de l’objet à géométrie complexe à l’habitat transportable par camion, les différentes esquisses obtenues après deux semaines de recherche sont en effet réalisées par équipe. Leur pertinence est ainsi testée grandeur nature : faisabilité, mais aussi ressenti des ambiances et des qualités spatiales. Deux semaines de construction aux Grands ateliers sont ensuite prévues au planning.
Pont roulant
Lors du passage à l’acte, certaines complications apparaissent. Il faut tenir compte des spécificités des différents bois, mais aussi des capacités d’usinage des machines de L’Isle-d’Abeau. « Pour ces jeunes, le montage est toujours un moment particulier, explique Rémi Mouterde, notamment cette fois-ci, car la structure Origami a été complexe à agencer de par la nécessité, lors du chantier, de gruter un pont roulant. » La complémentarité des compétences des encadrants est un avantage.« De la part des enseignants, un master partagé demande toujours plus d’énergie et d’organisation, car les cours ou le suivi des projets peuvent se dérouler dans les trois établissements, précise Rémi Mouterde, mais au final, la diversité de nos quatre approches est réellement enrichissante. » Avec un espoir : que ceux passés entre leurs sujets et les outils de L’Isle-d’Abeau ne dessinent plus de la même manière. « À la fin du workshop, ils comprennent réellement ce qu’est un détail », affirme le professeur. Une des quatre réalisations a été conservée et ce sont les apprentis architectes stéphanois qui en hériteront : le module Origami devrait être installé en ce début d’année dans la cour de leur école.