Située au sud-est de la couronne périurbaine de la capitale bretonne, Chantepie connaît une première extension dans les années 1970 et 1980 sous forme de quartiers pavillonnaires. À partir de 2002, la pression foncière importante, renforcée par une position stratégique de la commune dans l’axe du prolongement du métro rennais, entraîne l’aménagement de la zac des Rives du Blosne. Ce nouveau territoire s’inscrit dans les ambitions de la ville de Rennes en matière d’urbanisme : lutter contre l’étalement, favoriser la mixité sociale et concevoir des bâtiments de qualité aux impacts environnementaux limités. D’une superficie de 76 hectares, il se composera à terme de cinq quartiers conjuguant espaces verts, logements, commerces, équipements publics et activités. Objectif principal : inventer la ville à la campagne en offrant au plus grand nombre les avantages de ces deux modes de vie. Lauréat du concours lancé en 2006, le bâtiment de logements Eden Square conçu par l’agence parisienne Hauvette & Associés prend place au sein du quartier des Neuf Journaux. Au bout de l’avenue François Mitterrand, le projet agit comme un repère, dernière étape d’un nouveau paysage en cours d’urbanisation avant la nature à perte de vue.
Au plus près de la nature
Au premier abord, le bloc incolore aux allures austères ne laisse pas présager du spectacle intérieur. En contraste avec le panel des édifices voisins, l’écriture extérieure « sobrissime » adopte comme seule « excentricité » des balcons filants habillant les façades ouest, est et sud. Mais dans l’axe de l’avenue principale, une faille marquant l’accès aux logements laisse deviner à travers une paroi vitrée un paradis paysager. À l’image de la caverne d’Ali Baba, le bâtiment rectangulaire renferme en son cœur un trésor : une serre immense abritant un jardin bioclimatique et les espaces de circulation. Au sol, un dédale de passerelles en bois, serpentant au milieu d’espèces végétales en tout genre, mène aux appartements du rez-de-chaussée et aux deux tours d’escaliers et ascenseurs. Les coursives distribuant les trois niveaux supérieurs encadrent cette oasis de verdure et transforment chaque déambulation en promenade bucolique. Véritable tampon thermique, la serre conserve une certaine chaleur l’hiver, avec une moyenne de 6 °C supplémentaires par rapport à la température extérieure. En été, des ouvrants stratégiquement placés, asservis à des sondes thermiques, créent une ventilation naturelle, source de bien-être : environ 3 °C en moins à l’intérieur des habitations lors de journées très chaudes. Outre un contact permanent avec la nature, ce dispositif devrait permettre de limiter la consommation énergétique à moins de 46 kWhep/m2.an.
Logements de qualité
La démarche environnementale ne s’arrête pas là. Les logements, tous traversants, sont équipés d’un balcon et profitent d’une vue à la fois sur le jardin central et sur les champs alentour ou la ville nouvelle. À l’intérieur, menuiseries et volets en bois brut se fondent à merveille dans le cadre naturel tout en étant protégés des intempéries. Sur le toit, c’est un autre projet qui se dévoile : tel un village suspendu, un ensemble de maisonnettes aux formes hétérogènes vient perturber la terminaison des façades lisses et uniformes. Disposés autour de la verrière sur un grand « pont » en bois, ces volumes abritent la chaufferie collective, mais aussi les séjours et cuisines des duplex inversés auxquels on accède depuis le troisième niveau. Jouissant d’une vue dégagée sur le paysage environnant, ces espaces en hauteur bénéficient de vastes terrasses. Construits en ossature bois, les différents modules sont revêtus de zinc pour éviter le rayonnement solaire et l’accumulation de chaleur.
En choisissant une organisation spatiale inspirée du modèle des phalanstères*, les architectes visent « une utopie sociale et écologique ». Dans un contexte urbain, rapprocher les hommes de la nature au sein d’un même ensemble n’est pas si loin du schéma idéal…
* lieu de vie communautaire avec un ensemble de logements organisés autour d'un atrium central couvert.