Que ce soit pour trouver une solution à un problème actuel ou pour adapter un mécanisme de la nature aux usages anthropiques, il fait le lien entre deux disciplines qui se sont longtemps ignorées : la biologie et l'architecture. Si l'architecture a toujours su s'inspirer de la nature, le biomimétisme ouvre plutôt une nouvelle page technique, cherchant à apporter des optimisations en termes de structure, de matière ou d'énergie.
Pour cela, le biomimétisme intervient autant sur la forme, les matériaux, que sur la manière de construire ou le processus ; et ce à des échelles très diverses.
À travers les pavillons ICD/ITKE, Achim Menges et Jan Knippers proposent avec l'Université de Stuttgart, en Allemagne, une recherche structurelle et architecturale liant robotique et observation d'un organisme vivant. Ils puisent notamment dans les squelettes d'animaux pour composer des structures légères ou évolutives. Cette micro-échelle est aussi celle d'In Situ pour son projet de structure en bois présenté en 2018 à la Biomim'expo, à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à Paris, et qui s'inspire d'une forme que l'on trouve régulièrement dans la nature : la structure maillée de type polygonale. À une échelle plus importante, le quartier 11 du Solkovo Innovation Center conçu par Anthony Bechu à Moscou, en Russie, interroge le bâtiment et le quartier. L'organisation des habitations, inspirée de la manière dont les pingouins se réchauffent entre eux, optimise les flux de chaleur au sein du quartier. Le biomimétisme, enfin, peut également s'exprimer à l'échelle urbaine. L'étude des écosystèmes - l'interconnexion entre espèces animales et végétales -, infuse la conception urbaine : elle inspire des projets à économie circulaire qui connectent des bâtiments aux fonctions diverses à travers la circulation des ressources et des déchets. À Kalundborg, au Danemark, un tel système (appelé symbiose) est expérimenté depuis 1972 et la chaleur des usines y est, par exemple, réutilisée dans le chauffage urbain. C'est ce système qui a inspiré Regen Villages, à Almere, aux Pays-Bas, un village actuellement en construction et pensé en circuit fermé, autonome en matière d'énergie.
Ainsi, si le biomimétisme inspire des projets à la fois high-tech et low-tech, il est avant tout un enseignement pour nos sociétés : celui du fonctionnement de la nature comme leçon pour trouver un meilleur équilibre entre développement et environnement.
► Actualité parue dans Ecologik 61 : Au-delà de la performance énergétique