Rédigé par Dominique Gauzin-Müller | Publié le 17/05/2016
Les architectes redécouvrent les avantages de la terre crue et des centaines de projets d’une grande qualité esthétique et technique émergent sur toute la planète. Ce matériau bon marché, souvent disponible à proximité du chantier, demande peu d’énergie pour sa transformation. Il pourrait ainsi couvrir une partie des besoins croissants en logements économiques et écologiques. C’est pour prouver sa modernité et contribuer à son essor que plusieurs partenaires, dont le laboratoire CRAterre et le magazine EcologiK, ont lancé le TERRA Award sous l’égide de la chaire UNESCO « Architectures de terre ». Pour Patrice Doat, cofondateur de CRAterre, ce palmarès est à la fois « un message aux bâtisseurs de demain, un projet d’éducation de la pensée architecturale contemporaine, une démonstration des savoir-faire professionnels, une leçon de simplicité et de modestie et une pensée d’avenir pour notre Terre. » Les 357 candidatures ont été envoyées de tous les coins du monde : 21 d’Océanie, 48 d’Afrique, 80 d’Asie, 96 d’Europe et 93 d’Amérique du Nord et surtout du Sud. Les nombreuses « perles » ont rendu difficile la décision du jury de spécialistes réuni le 15 janvier 2016 à Grenoble. Outre les 40 bâtiments finalistes, qui vont être valorisés dans une exposition itinérante et un livre intitulés Architecture en terre d’aujourd’hui, il a retenu 20 mentions et rendu hommage à cinq pionniers, architectes ou constructeurs. Car ce prix souhaite à la fois révéler le courage des maîtres d’ouvrage qui ont fait le choix de la terre crue, la créativité des concepteurs et les compétences des artisans et entrepreneurs. Même si les édifices sont majoritairement en pisé, les autres techniques sont représentées : bauge, adobe, blocs de terre comprimée, torchis, enduits. Le palmarès couvre aussi tous les types de programme : habitat, équipements, bureaux et bâtiments industriels ainsi que les aménagements intérieurs et extérieurs. Un tiers des projets participent au développement local et plusieurs ont été réalisés par des étudiants et des associations caritatives. Dix jeunes filles bénéficient ainsi d’une formation professionnelle dans l’école de couture construite en adobe par Odile Vandermeeren à Niamey pour l’ONG Carrefour Jeunesse Niger. Anna Heringer a aussi convaincu le jury que son centre d’apprentissage pour électriciens à Rudrapur, au Bangladesh, était bien un « outil pour améliorer la vie ». Mais une des surprises est venue d’Australie, avec le mur en pisé de 230 mètres de long de Luigi Rosselli, qui serpente au bord d’une dune pour délimiter douze logements troglodytiques accueillant des bergers pendant la période de rassemblement des troupeaux. Les bâtiments présélectionnés seront présentés à la Plateforme à Grenoble du 11 mai au 11 juin 2016, puis au centre de culture urbaine Archipel à Lyon avant de nombreuses stations en France et à l’étranger. En attendant, partez à la découverte de « Ma terre première, pour construire demain » au musée des Confluences dans la métropole rhônalpine, qui sera cet été « capitale de la Terre » avec de multiples manifestations autour du congrès Terra 2016, organisé du 11 au 14 juillet par CRAterre.