Choisi comme commissaire de la Biennale d’architecture de Venise 2016 en juillet dernier et lauréat du Pritzker Prize en janvier, le Chilien Alejandro Aravena, à la tête de l’agence Elemental, fait beaucoup parler de lui.
On retient du personnage, déjà distingué par de nombreuses récompenses dont le Global Award for Sustainable Architecture en 2008, son engagement exceptionnel pour le logement social et son implication sans faille dans les démarches de concertation avec les habitants. Mais son alliance avec un gros groupe pétrolier du pays, qui détient 40 % des parts de son atelier, est considérée depuis la France d’un mauvais oeil. Ne doit-on pas cependant tempérer le débat ? Le statut d’une agence chilienne peut-il vraiment être comparé à celui d’un cabinet d’architectes français dans la mesure où les modèles varient en fonction de bassins économiques et culturels ? Quant aux critiques sur le délabrement prématuré des opérations d’habitation du Pritzker, notamment celles qui comportent un volet d’autoconstruction, faut-il nécessairement y calquer nos propres références ? Aravena ne livre pas des produits, il enclenche des processus, et c’est toute l’innovation de son travail. Elemantal a en outre largement participé à la reconstruction du pays après le tsunami de 2010, en utilisant des moyens qui répondaient à l’échelle, aux budgets et à l’urgence hors norme de la situation. C’est appréciable !